Loin des clichés mielleux, l’auteur culte de « Génération X » nous livre ici sa vision de la réunion de famille. Sorte de feux d’artifices déjanté, road movie sous acide, galerie de personnages improbables, explosion comique aux accents visionnaires « Toutes les familles sont psychotiques » narre les invraisemblables et ô combien comiques tribulations de la famille Drummond. Exceptionnellement réunis en FLoride pour la mise en orbite de la petite dernière, Sarah, petit prodige manchot devenu astronaute, Ted, Janet et leurs enfants Bryan, Wade et Sarah prennent un malin plaisir à laisser s’exprimer leur folie congénitale.
Arnaqueur de seconde zone, Wade est atteint du sida, qu’il a transmis à sa mère par accident le jour où Ted lui a tiré dessus pour avoir couché avec Nickie, ignorant qu’il s’agissait de sa belle-mère ! Son frère Bryan, suicidaire multirécidiviste, est quant à lui au désespoir face à sa petite amie au prénom imprononçable qui désire revendre leur bébé à venir à un couple riche et stérile. Quant à Sarah, sous ses dehors de fille bien comme il faut, elle entretient une liaison avec son commandant de navette avec qui elle projette de concevoir en gravité zéro. Et ce n’est qu’un début… Tout part en vrille dans un bel exemple de la loi de Murphy : « S’il y a plus d’une façon de faire quelque chose, et que l’une d’elles conduit à un désastre, alors il y aura quelqu’un pour le faire de cette façon.» et ce quelqu’un, chez Coupland, est forcément un Drummond. Caustique, rythmé, absurde et hilarant !
Douglas Coupland
Toutes les familles sont psychotiques
10/18
Depuis trois ans, James Cook est en mer, parti cartographier les contrées nouvelles du côté de Tahiti. Son retour est imminent mais restera t’il? Les retrouvailles seront-elles possibles? Son épouse se prépare à l’accueillir avec appréhension. Sa vie à elle ne fut que ménage, enfantements et deuils, loin des honneurs et de la gloire. Entièrement perçu de son point de vue, avec tout de même de larges pages du journal de bord de Cook, ce magnifique roman d’Anna Enquist ressuscite cette femme anonyme, seule capitaine à bord d’une destinée entièrement soumise à un mari, un père absent et superbe qui s’en va conquérir le monde, rencontrer des peuples, en abandonnant les siens. Ce roman voit grandir tout en subtilité, au fil des épreuves, la figure de la femme et peut-être sombrer celle du grand homme…
Anna Enquist
Le retour
Actes Sud
A sa mère berbère, illetrée au cœur fragile, qui ne parle pas le français, Zahia Rahmani tend ce récit de son enfance. Rarement, un texte a dit avec tant d’amour et de colère, la violence de l’assimilation. De toutes ses forces l’auteur à lutté à la fois contre la brutalité obtuse de son père et les préjugés imbéciles des Français de souche. Elle est devenu auteur, écrit régulièrement sur l’art et la littérature, son avant-dernier roman Musulman (2005) a été finaliste au Fémina.
A l’heure de la question de l’identité nationale en France, ce livre d’une vive intelligence, pétri de tendresse et de lucidité, est une occasion de comprendre de l’intérieur le vécu de ce que suppose une double culture.
Zahia Rahmani
France, récit d’une enfance
Sabine Wespieser éditeur.