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La reine des lectricesInitiée à la lecture par un cuistot de Windsor, la Reine Elisabeth se met enfin à dévorer les livres au grand dam du protocole. Délaissant les bibliothèques de ses châteaux, elle les emprunte au bibliobus de la commune de Windsor. Cocasse, irrévérencieux, ce court roman du dramaturge et romancier Alan Bennett imagine la Reine d’Angleterre demandant à un Président Sarkozy paniqué, « aimez-vous Jean Genet ? » Les dialogues piquants et l’incongruité de cette histoire fort peu royalement correcte, quoique…, se savoure comme un muffin aux myrtilles.

Alan Bennett : , traduit de l’anglais par Pierre Ménard, Denoël, 2009, 173p, €12.

La pluie avant qu’elle tombeRompant avec sa veine satirique, Jonathan Coe (Testament à l’anglaise, La maison du sommeil…) donne un roman d’une extrême sensibilité. Quatre générations de femmes défilent dans le récit que Rosamund enregistre pour Imogen. C’est que sa vie a croisé la destinée de la mère d’Imogen, de sa grand-mère et de son arrière-grand-mère. Toutes mal-aimées et mal-aimantes ont transmis la haine de soi à la génération suivante. Le désastre a eu lieu dans l’enfance ; un mot, un geste ont fait basculer la vie de chacune. Comme dans Lignes de Faille de Nancy Huston, Jonathan Coe remonte très finement le cours de ces vies jusqu’à leur point de rupture.

Jonathan Coe : La pluie avant qu’elle tombe, traduit de l’anglais par Jamila et Serge Chauvin, Gallimard, 2009, 248p, €19,50.

Daphné disparueLes grands écrivains sont souvent confrontés à leur processus de création. Les frontières entre la fiction et ce qu’on appelle étrangement le réel s’estompent, c’est vrai aussi pour le lecteur, et en finale chacun s’interroge sur sa propre identité. Le personnage central de ce livre est précisément un écrivain, victime d’amnésie après un accident de la route. Désireux, on s’en doute, de se retrouver, il n’a pour indice que cette phrase, la dernière qu’il a dite ou écrite avant de perdre la mémoire :Je suis tombé amoureux d’une femme inconnue. A partir de là, l’auteur s’amuse avec le lecteur, il sème des indices, brouille les pistes, et dans un jeu d’érudition habituelle chez lui pose quelques questions intéressantes. Ce livre, paru déjà en 2000 en Espagne, n’est sans doute pas le plus important de Somoza. Mais à l’image de ce que d’autres ont fait avant lui, ce chassé-croisé entre la littérature et la vie est plus qu’un divertissement. L’écrivain fait une pause, il se regarde, il s’écrit.

José Carlos Somoza : Daphné disparue, traduit de l’espagnol par Martine Millon, Actes Sud, 218p, 19€