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La Grammaire de DieuC’est à juste titre que Stefano Benni a sous-titré son livre Histoires de solitude et d’allégresse. Car dans ces nouvelles, le propos est tout sauf triste. Si le point de départ est bien cet isolement que chacun peut connaître, et qui donne ici une cohérence remarquable au recueil, l’auteur ne s’y limite pas. Il joue au contraire à transformer ces solitudes, passant d’un registre à un autre (ce qui est également une force de ce volume), et mêle ainsi rires, émotion et absurde. On lira avec un serment de coeur Alice, on s’étonnera de la nouvelle intitulée Les larmes, et on trouvera ridicule cet homme qui, grâce au GSM, n’est plus jamais seul. Un de mes récits préférés est peut-être Soupir, itinéraire d’un petit voleur solitaire qui finit par s’attacher aux maisons qu’il cambriole, aux ambiances et aux habitants qui les peuplent, jusqu’à prendre des risques, et davantage…
Les deux pêcheurs, autre histoire, clôt opportunément ce livre attachant, en laissant une dernière impression mystérieuse.
BC
Stefano Benni : La Grammaire de Dieu, nouvelles traduites de l’italien par Marguerite Pozzoli, Actes Sud, 259p, €21,80.

Das KapitalLes amateurs d’Amérique se réjouiront. Les remarquables Editions Gallmeister qui se consacrent à la littérature de l’Ouest américain, ajoutent à leurs deux collections déjà existantes (“Nature writing” et “Noire”), une nouvelle série d’ouvrages sous le label “Americana”, consacré à la “littérature de contestation et de critique du rêve américain“.
Le premier titre vient de paraître, “Das Kapital”, et il est explicite : c’est une satire du capitalisme financier, triomphant jusqu’il y a peu, et un peu moins aujourd’hui. Le roman s’articule autour de trois personnages : Wayne, trader cynique qui parie sur les crises et les catastrophes pour réaliser ses gains ; le Corse, qui depuis son île fomente des attentats pour le compte du premier ; et Alix, étudiante en architecture marseillaise, qui va de l’un à l’autre. On peut imaginer comment l’histoire se terminera…
Berberian se nourrit avec humour (et approximation) de la pensée des situationnistes français, et son style se fait parfois inutilement alambiqué. Mais avec ce titre, “a novel of love and money markets“, c’est l’autre Amérique qui apparaît, celle qu’on aime.

Tant qu’on y est, rappelons ce titre paru en fin d’année chez le même éditeur, et que nous avons particulièrement aimé, L’homme qui marchait sur la lune.

Viken Berberian : Das Kapital, roman traduit de l’américain par Claro, Gallmeisetr, Paris, 192p.

Vous comprendrez doncClaudio Magris actualise le mythe d’Orphée et Eurydice sous une forme des plus réjouissantes. Un auteur à succès obtient une dérogation spéciale pour aller rechercher son aimée aux Enfers. Mais a-t-elle réellement envie de retrouver la vie bruyante, les petites compromissions, les manies de son mari ? Et lui, quelle est sa motivation, récupérer sa Muse ou celle qui lui lavait ses chaussettes et corrigeait ses textes ? Ce monologue d’Eurydice au « Président de la Grande Maison » des morts est une radioscopie du couple d’une amoureuse férocité.

Claudio Magris : Vous comprendrez donc, traduit de l’italien par Jean et Marie-Noëlle Pastoureau,Gallimard L’Arpenteur, 2008, 54p, €7,90