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Paul Schooner et Albert Brighton formaient une fine équipe de journalistes qui s’étaient donnés pour mission « de ramener à la lumière certains artistes oubliés ». Mais un banal accident de la circulation va provoquer la mort inopinée de Paul Schooner. Accablé par cette disparition, une autre mission attend bientôt Albert Brighton: annoncer la triste nouvelle à la femme de son collègue fraîchement disparu (une des plus belles séquences du livre). Afin d’honorer le souvenir de son ami Schooner, Paul Brighton décide d’achever ce qui avait été initié : rencontrer Suzanne Moss, violoncelliste illustre subitemment tombée dans l’oubli. Cette rencontre, on s’en doute, va transformer sa vie. Dans ce roman drôle et désenchanté, l’écriture ciselée et la musique de Christian Gailly font à nouveau merveille.

Christian Gailly, Les oubliés, Editions de Minuit, 2007.

Un chef-d’oeuvre ? On l’a dit. Peut-être. C’est en tout cas un roman magique, l’exemple même de ce que peut apporter une tradition littéraire marquée par le fantastique et le classicisme de l’écriture. Sans oublier l’érudition de l’auteur, spécialiste en éthologie (il a professé à l’UCL), mais aussi écrivain (dans tous les genres, roman, théâtre, poésie), musicien, aquarelliste.
Livre magique donc, en ce qu’il nous entraîne dans une autre réalité, l’autre monde, lorsque le narrateur, jeune naturaliste passionné d’insectes aquatiques, laisse son imagination errer sur la personne de Madame Küppen, cette jeune dame énigmatique qu’il peut admirer depuis les étangs voisins de sa maison, et qui a la faculté de disparaître. En naturaliste accompli, son admirateur l’assimile à la grâce des libellules, et c’est sur le même régistre qu’il pose le questionnement métaphysique sur les sentiments qu’elle lui inspire.
La qualité de ce livre tient aussi dans sa tonalité, cette grâce de l’écriture et de l’introspection, assez rare, qui « tient » tout au long du livre, et qui « tient » le lecteur. Il y a en effet du musicien dans l’écrivain Thinès.

Madame Küppen et l’autre monde, de Georges Thinès, Editions l’Age d’Homme, Lausanne.

L'obeissancePrintemps 1918, la Grande Guerre ne semble pas avoir de fin. Dans un bureau parisien, le lieutenant Verbrugge reçoit l’ordre d’assurer le transport à Furnes d’un convoi exceptionnel. Le gouvernement belge souhaite « emprunter » aux autorités françaises son bourreau, Anatole Deibler, et « ses bois de justice » afin de procéder, pour l’exemple, à l’exécution d’Émile Féraille, condamné à mort pour l’assassinat de deux femmes. Très vite, la petite troupe conduite par Verbrugge prend la route en direction de la Flandre. Mais Furnes se trouve en zone d’occupation allemande; il est nécessaire, pour y accéder, d’avancer à contre-courant du front. François Sureau s’interroge sur les comportements absurdes auxquels conduisent parfois les grands principes. La liste des non-sens que pose ce voyage pour Furnes est longue, le projet de l’expédition lui-même étant une aberration. Alors que tout devrait être mis en œuvre pour sauver des milliers de vies, les autorités belligérantes unissent leurs efforts pour conduire un homme de plus à la mort.

François Sureau, L’obéissance, Gallimard, 2007.