Au moment ou s’ouvre au Rijcksmuseum d’Amsterdam l’exposition des œuvres de la maturité de Rembrandt, paraît ce texte de Claude Louis-Combet, qui a toutes les qualités du peintre. La matière y est aussi sensible et vigoureuse que le sujet est tendre et déchirant. Les dernières années de Rembrandt, entre faillite et solitude, furent illuminées par la présence calme et souriante de sa servante Hendrikje. Simple paysanne frisonne, venue prendre dans la maison, dans le lit et le cœur du peintre, la place laissée vacante par la très aimée Saskia. Hendrikje offre son amour, sa blondeur et les générosités de ses formes au portrait de Bethsabée, séduite par le Roi David.
Dans une langue somptueuse, Claude Louis-Combet entre dans l’intimité et la connivence profonde de ces deux êtres, portés par une même passion du vivre alors même que la mort, partout, rôde. Texte somptueux que cette sensualité du corps et du trouble de l’âme, qui n’est pas sans rappeler Bernard Noël ou Merleau-Ponty, par cette métaphysique charnelle qui entrevoit l’abîme.
Claude Louis-Combet : Bethsabée, au clair comme à l’obscur, Editions Corti
Co-édité par The National Gallery qui a ouvert l’exposition avant le Rijcksmuseum qui l’accueille à Amsterdam depuis quelques jours (et jusqu’en mai), un album paraît avec la contribution de divers spécialistes. Les reproductions sont remarquables, qui restituent, et la matière, et les lumières, -les fameux clairs-obscurs-.
De 1650 à sa mort en 1669 à 63 ans, Rembrandt n’a pas cessé de peindre, alors même que les commandes se font rares, il va au-devant des visages populaires du quartier Juif, de la figure christique, toute d’empathie, et de lui-même. L’ultime autoportrait, alors qu’il a perdu tous les siens, sa fortune et sa gloire, nous regarde en face, résigné et calme, à peine étonné, sans se dérober à l’absurdité tragique du destin.
Rembrandt, les années de plénitude, Fonds Mercator (49.95 euros)
Roman, essai, carnet de route ? Un peu tout cela sans doute, sans que l'on puisse faire la part du réel et de l'imaginaire dans ce récit. Sauf sur un point, le personnage central de ce livre : Liu Dan, né en 1953, poète, calligraphe, peintre des pierres et des paysages. Quant au narrateur, critique d'art ou esthète, invité en Chine par un mécène après la mort de sa compagne, il n'existe que comme témoin, ou comme prétexte pour raconter le voyage de Liu Dan à travers la peinture et l'art des pierres.
Car les pierres sont comme les nuages..., en mouvement, propices au rêve, insaisissables. Elles sont aussi la permanence, et plus que la terre, elles sont ce qui nous porte. Elles dégagent une énergie que seuls ceux qui les respectent perçoivent. La culture chinoise l'a bien compris, qui les vénère, et en fait des oeuvres d'art. Liu Dan les peint, les écrit, et après la période d'ombre que la Chine a traversée, tente de perpétuer ce qui a toujours été.
L'auteur de ce livre, Nicolas Idier, est attaché culturel à l'Ambassade de France à Pékin, après avoir soutenu une thèse de doctorat à Paris-Sorbonne sur l'apport de Pierre Ryckmans dans l'histoire de l'art et en sinologie. Il y a des passions plus indignes...
Promenade érudite dans la Chine d'aujourd'hui, La musique des pierres est bien tout cela, roman, essai, carnet de route.
Nicolas Idier : La musique des pierres, Gallimard 2014, 328p, 21 €.
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