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Petros Markaris est à la Grèce ce que Manuel Vazquez Montalban est à l’Espagne, ou Henning Mankell à la Suède. Son commissaire Charitos est représentant de l’ordre, sans illusionsur la nature humaine mais résolu à ne pas s’en accommoder. C’est peu dire que Markaris (1937) est furieux contre son pays et contre ceux qui l’ont laissé faire. Mensonges politiques, mercantilisme, dopages financiers, institutions financières irresponsables, sont au coeur de cette intrigue qui brosse un portrait édifiant, lucide, tragique et cocasse de la situation désolante de la Grèce.
Des personnalités du monde de la finance sont décapités par un mystérieux «justicier». Qui peut bien être le coupable, un employé indélicat, mis à la porte pour avoir accepté des dessous de table ou un client insolvable ? Autant dire, chaque Grec, puisque tous vivent à crédit.
Une intrigue décoiffante… qui nous en apprend plus sur la Grèce que n’importe quel journal financier, soutenue de bout en bout par un humour salvateur, qui est, comme chacun sait, la politesse du désespoir

Petros Markaris : Liquidations à la grecque, Seuil policier, traduit du grec par Michel Volkovitch, Seuil policier, 2012, 336p, €21,50

geiger-vieux-roi-en-son-exilArno Geiger part avec tendresse à la rencontre de son père, sorte de Roi Lear errant sur la lande de la démence dans un récit fragmenté, comme la mémoire parcellaire de ce père frappé d’Alzheimer. Petites phrases, flash-back, anachronismes, dialogues cocasses parce que les mots perdus se bousculent comiquement, s'inventent, se bricolent quand on n’en sait plus l’usage. Plutôt que de se plaindre, à se voir diminué, le père dit « je ne suis plus qu'un bredin », et l'on entend quelque chose entre breloque, gredin, bon à rien. Et le sourire adoucit un peu la cruauté du sort.
Arno Geiger, auteur autrichien de quarante-quatre ans, couronné pour son précédent roman « Tout va Bien »(Gallimard,2008), par le Deutscher Buchpreis, restitue son passé à ce père, qu'il connait mal. Le fils écrivain consigne, raconte, remonte le temps perdu, avec pudeur, respect, admiration soudaine pour ce père sec et chiche, comme l'étaient ses parents, de rudes paysans avares de sentiments, car habitués à ne pas gaspiller. Un livre sur la perte de la mémoire, certes, mais inoubliable.

Arno Geiger : Le vieux roi en son exil, traduit de l'allemand (Autriche) par Olivier Le Lay, Gallimard, 2012, 192p.

HomeToni Morrison est vraiment l'écrivain à découvrir en cette rentrée littéraire si vous ne l'avez jamais lue. Prix Nobel de Littérature en 1993, son roman le plus connu est Beloved, l'histoire d'une mère et de ses filles fuyant l'esclavage dans les Etats-Unis des années 1870.

L'écriture de Toni Morrison est exigeante mais totalement envoûtante lorsque le lecteur accepte d'oublier ses repères habituels. Home est l' un de ses romans les plus accessibles. Evidemment, on retrouve son style poétique et onirique mais surtout on se retrouve plongé dans les pensées d'un jeune soldat Noir de retour de la guerre de Corée. Il a reçu un appel au secours de sa petite soeur et va devoir traverser tous les Etats-Unis ségrégationnistes pour la retrouver.


A travers son périple, c'est la solidarité d'une communauté qui se dévoile mais aussi un quotidien incroyablement raciste, toujours en vigueur dans les années 1950 de l'autre côté de l'Atlantique. C'est aussi une très belle langue, subtile et admirablement traduite par Christine Laferrière, qui peut se relire encore et encore.

 

Toni Morrison : Home, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Christine Laferrière, Editions Bourgois, Paris, 2012, 151 p., 17 €.

 

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