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OuraganGaudePris dans la tourmente de l’ouragan Katrina qui s’apprête à ravager la Nouvelle-Orléans, plusieurs personnages tentent de sauver leur vie avec plus ou moins de grandeur. Laurent Gaudé, qui est aussi auteur de théâtre, construit son roman choral comme une tragédie grecque, avec son souffle et sa générosité coutumières. L’histoire du Sud, la traite des Noirs, la réalité sociale et économique, l’intimité de la peur, de l’amour et de la mort tourbillonnent autour de l’oeil du cyclone de cette fresque terriblement humaine.

Laurent Gaudé : Ouragan, Actes Sud, 2010

Le premier motLes fidèles d’Alexakis reconnaîtront dans Le Premier mot la recette qui a fait le succès de son grand roman La Langue maternelle (prix Médicis en son temps), dont ils retrouveront les thèmes, le style et la forme narrative. Avec moins de réussite que ce prédécesseur, ce nouveau titre constitue tout de même un divertissement intelligent.

Le Premier mot s’inscrit fidèlement dans l’univers littéraire de Vassilis Alexakis, il décline en particulier les thèmes du rapport affectif à la langue maternelle et de la relation identitaire des immigrés à la culture de leurs patries. La trame du récit tient en peu de mots : un savant grec enseignant à Paris décède après avoir confié à sa sœur, non moins âgée que lui, la poursuite de la recherche à laquelle il a voué sa vie, celle du Premier mot de l’humanité. Comme l’enquête d’Ap.J.C. (Grand prix de l’Académie française en 2007), cette quête érudite annonce une intrigue plus proche du genre de l’essai que du genre romanesque, bien qu’elle se développe sur un mode fictionnel (voire autofictionnel). Effectivement, Le Premier mot relate une initiation intellectuelle conduite sous la forme d’un dialogue entre l’héroïne, vieille dame solitaire sans grande expérience du monde, et ses doctes interlocuteurs, éminents linguistes et anthropologues. En mettant en scène un tel protagoniste dans son style sobrement correct, l’écriture d’Alexakis prend parfois un ton didactique malheureux, néanmoins elle a l’intelligence de ne jamais apparaître ni austère ni intello. Contrairement aux grands romans précédents, chargés de l’héritage culturel grec, celui-ci ne frappe pas particulièrement par son érudition, car il cite le plus souvent des curiosités linguistiques bien connues. Heureusement, ce propos anecdotique est ponctué d’élans généreusement engagés qui culminent dans l’excellent avant-dernier chapitre. Le narrateur se positionne contre la doctrine linguistique créationniste et contre la comparaison de la valeur des langues entre elles, de même qu’il s’oppose à la politique sarkozyste de l’immigration.

Ce nouveau récit d’un écrivain de longue route, s’il n’est pas son plus réussi, se distingue tout de même dans cette rentrée littéraire par sa générosité et son intelligence.

Vassilis Alexakis : Le premier mot, Stock, 2010.

1954, Algérie. Un jeune médecin frais émoulu arrive de Paris et se retrouve en plein bled, au cœur d’un climat de haine rentrée entre toutes les parties. Arabes et Pieds-Noirs ont appris à se méfier les uns des autres avec un mépris tout en civilité et s’accordent pour détester les Français de Métropole. Bernard du Boucheron a une écriture en coup de trique qui n’épargne personne et éclaire d’un jour saisissant les traumatismes post-coloniaux , autant que la violence atroce qui sévit encore dans ces régions, notamment à l’égard des femmes. Secouant, et rudement bien écrit.

Bernard du Boucheron : Salaam la France, Gallimard, 2010