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Révolutions en Tunisie et en Egypte, élections controversées en Côte d'Ivoire, problèmes sécuritaires au Niger... On se doute que derrière les images diffusées par les télévisions du monde entier, vivent des femmes et des hommes qui, tout en luttant pour leur liberté, doivent assurer leur vie quotidienne, celle de leur famille, en même temps que leur activité professionnelle est rendue difficile. Des témoignages de libraires et d'éditeurs nous sont remontés, ils sont saisissants.

Si les révolutions arabes ont sonné le glas des dictatures que l'on sait, nul ne connaît pourtant l'avenir qui leur sera donné.
Les débuts ont été enthousiasmants. Les soulèvements populaires en Tunisie ont ouvert la brèche, et le premier phénomène marquant du départ de Ben Ali c'est une parole libérée, par l'abolition de la censure. Selma Jabbès, directrice de la librairie Al Kitab, au centre de Tunis raconte :
"Nous respirons un bon air frais de liberté à Tunis, nous retrouvons notre fierté et notre identité... La librairie était au coeur des événements et nous avons passé près d'un mois dans les manifestations et le lacrymogènes tout en soutenant et encourageant ces jeunes qui ont su bien mieux que nous gérer la révolution et faire partir le dictateur pour nous mettre sur le chemin de la démocratie. Alors ce n'est pas cher payé ; la route est encore longue et le plus difficile reste à venir probablement, mais je suis pour ma part très optimiste pour l'avenir".
C'est elle entre autres qui, par le lancement d'une pétition, a permis que soit prise la décision de libérer le livre de l'obligation d'obtenir un visa du Ministère de l'intérieur. On a donc vu dans sa vitrine, et celles de ses confrères, les livres interdits jusqu'ici, dont "La régente de Carthage".

todd emmanuelEmmanuel Todd est historien, anthropologue, et surtout spécialiste de la démographie. En 2007, il publiait un petit livre en collaboration avec Youssef Courbage, todd rvcivilisationsLe rendez-vous des civilisations, dans lequel il décrivait le puissant mouvement de convergence entre les civilisations qui se déploie sur la planète. Le "Choc des civilisations" n'aura pas lieu, disait-il. Du Maroc à l'Indonésie, de la Bosnie au Tchad et au Soudan, la lecture de la démographie en montre l'évidence, avec comme critères le taux d'alphabétisation, notamment chez les femmes, le taux de natalité, l'érosion de l'endogamie... Certes, les choses ne se passent pas partout de la même façon, ni surtout de façon linéaire, et bien des soubresauts attendent encore ces évolutions. Mais Todd y voit moins des obstacles à la modernisation que les symptômes de son accélération. C'est donc un autre regard qu'il jette sur le monde musulman et ses populations, poussant ainsi à reconsidérer la grande peur de l'Occident face à l'Islam.

Olivier Todd a toujours poussé ses réflexions et ses recherches de façon originale. Et sa clairvoyance s'est plusieurs fois manifestée, fondée sur son étude des relations familiales, qu'il a inlassablement recensées durant quarante années, sur toute la planète. En 1976, il annonçait la dislocation de l'Union soviétique, en se basant sur la mortalité infantile. Plus tard, c'est le déclin de l'empire américain qu'il annoncait, en montrant que les systèmes familiaux induisent des formes différentes de capitalisme, et qu'au contraire de pays comme l'Allemagne et le Japon, basés sur la famille souche (le fils aîné est l'héritier), et économiquement productivistes et solidaires, les Etats-Unis sont individualistes et consuméristes, s'endettant sur le dos du reste du monde, ce qui devait conduire au crash financier que l'on sait. Il a aussi annoncé les problèmes actuels de l'euro.

Fils d'Olivier Todd, petit-fils de Paul Nizan, Emmanuel Todd est un homme engagé, et il ne s'en cache pas. Simplement, comme lui, il faut distinguer ses travaux de recherches, et ses ouvrages plus polémiques.
Il vient de publier deux livres, très différents dans leur facture, mais dans la continuité de ses travaux.

todd allahLe premier est né d'une émission sur le site arretsurimage.net : Allah n'y est pour rien. Il s'agit d'un entretien sur les révolutions arabes, et c'est passionnant. L'islam n'est pas incompatible avec la modernité : à l'arrière plan, depuis des centaines d'années, la manière dont les êtres humains s'aiment et s'unissent détermine leur destin. On se doute aujourd'hui que ces révolutions arabes ne sont pas terminées, malgré les espoirs qu'elles ont fait naître (voir les témoignages dans notre blog) et qu'au-delà du phénomène politique, elles évolueront très différemment. Car entre la Tunisie, l'Egypte, la Syrie ou la Lybie, les structures familiales ne sont pas les mêmes. La question des droits des enfants dans la famille n'est ainsi pas identique chez les Chiites et chez les Sunnites, et détermine l'évolution des esprits et de la société. Ce que dit Emmanuel Todd de la modernité de l'Iran par rapport aux pays arabes est à cet égard lumineux et... inattendu. A lire absolument, par tous !

Autre livre, beaucoup plus costaud, et qui vient de paraître chez Gallimard, L'origine des systèmes familiaux, (tome 1 ctodd originet1onsacré à l'Eurasie), constitue la somme théorique des quarante années de recherche d'Emmanuel Todd. Il y décrit une forme originelle, commune à toute l'humanité, la famille nucléaire. A partir de cette unicité première se sont constitués les réseaux de parenté, d'où sont nées les trajectoires de modernisation différenciées que l'on peut observer, et commenter. Un livre-somme, pour érudits, mais qui éclaire d'un jour novateur, l'histoire des relations humaines et des sociétés.

Le rendez-vous des civilisations, Le Seuil, 2007, 176p, 12,50€

Allah n'y est pour rien, Editions Arretsurimages.net, 2011, 89p, 10€

L'origine des systèmes familiaux, t1. L'Eurasie, Gallimard, 2011, 768p, 29€

En marchant, en lisant, un lecteur nous écrit.

L’homme est né nomade, errant sur une terre qui n’est pas la sienne. Dressé sur ses pieds pour mieux se déplacer, il prend de la hauteur, et découvre ainsi l’horizon et son au-delà. Et l’homme se mit à marcher. Depuis lors, il est toujours en chemin, marchant et debout, découvrant le monde et lui-même.
Quoi de plus normal alors que de nombreux auteurs fussent des marcheurs impénitents et que de nombreux héros de romans soient des personnages en route ?

Il y a de nombreux récits de voyages à pied, souvent sous forme de pèlerinage en quelque sorte, vers des lieux forts ou saints. Et d’abord les maîtres en la matière :

 

LacarriereOree-Jacques Lacarrière : ses deux livres “ L’été grec” (Editions Terre Humaine) et “Chemin faisant” (Fayard) sont des classiques du genre. On vient aussi d’éditer ses poèmes, A l’orée du pays fertile“ (éditions Seghers), comme autant d’invitations aux voyages dans des pays connus, imaginaires ou intérieurs.
-Théodore Monod, grand marcheur dans le désert de Mauritanie, et ses nombreux livres dont Méharées, Le fer de Dieu, L'émeraude des Garamantes (Actes Sud)