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Lyrique et mégalomane ! Gnossos Pappadopoulis revient sur le campus d’Athené après un an de voyage. « Vers Athéné, donc. Le jeune Gnossos Pappadopoulis, pelucheux Ourson, gardien de la flamme, revint des mers asphaltées de l’immense terre vaine : oh grand-routes US 40 et implacables 66, me revoici chez moi dans les gorges rongées par les glaciers (.). »

Ulysse fou, de retour au bercail, il erre en quête de libations diverses, expressions de l’adolescence rebelle : alcool, sexe et mescaline. On se croirait presque, avec vingt ans d’avance (!) , dans un livre de Bret Easton Ellis, celui qui fit du roman de campus (On pense à Moins que zéro, Les lois de l’attraction , etc.) un genre à part entière.

On ne saurait pourtant réduire Farina à une espèce de « sous Bret » d’avant-garde. L’époque est différente. Alors que les autorités tentent d’interdire l’accès des chambres de filles aux garçons (1958 oblige, on assiste alors aux derniers soubresauts de l’intense « répression sexuelle » d’avant les sixties), la révolte gronde sur le campus, la contre offensive étudiante s’organise.

Gnossos, leader involontaire, illuminé charismatique, plutôt que de s’impliquer dans la contestation rêve de conserver son « Immunité », cette « Exemption » « qui met à l’abri non seulement du temps et de la mort, mais aussi des exigences de la vie elle-même » (selon les mots de Thomas Pynchon, auteur de la préface). Le Grec sera pourtant entraîné dans la machination.

Dans cet univers peuplé de personnages étranges, parfois sublimement grotesques, Farina déploie un récit flamboyant où le désir d’éternelle jeunesse n’a d’égale que la « conscience aigüe de notre caractère mortel » (Th. Pynchon, id.).

Biographie
Né en 1937 à New York, Richard Fariña fait ses études dans la prestigieuse université de Cornell, où il se lie avec Thomas Pynchon. Il exerce divers petits boulots, vit au cour d’un réseau d’artistes et de porte-parole de la contre-culture, et en 1963, il se marie avec Mimi Baez (la sour de Joan), à qui est dédié le roman. Au moment où commencent à s’imposer ses amis Joan Baez et Bob Dylan, il est promis à une grande carrière de musicien, poète et romancier. En 1966, quand paraît son premier et unique roman, Richard Fariña meurt dans un accident de moto, le jour de la fête organisée pour ses vingt-neuf ans.

Richard Farina
L’avenir n’est plus ce qu’il était
Calman-Lévy

Julio Matasanz, grand médiéviste, est sur le point de prendre sa retraite. Il entend conclure sa carrière d’universitaire et de bellâtre en conjuguant érudition et plaisirs en Galice avec une redoutable collègue. Pendant ce temps, sa femme, bourgeoise sans vague, vaque aux préparatifs de Noël. Le dernier roman de Manuel Vazquez Montalban, décédé peu après, est régalant de bout en bout, son personnage, jouisseur égoïste imbu de lui-même, va se révéler sensible. Alors que toute son oeuvre porte sur l’amour et la mort dans la littérature médiévale, (Erec et Enide, Tristan et Iseult), lui-même n’y a que peu songé. Trois récits courent en parallèles, celui de sa femme, beaucoup plus fine qu’il ne le lui concède, celui de son neveu engagé jusqu’au cou pour Médecins Sans Frontière en des terres inhospitalières, et le sien, académique ou nettement moins. Ce roman épatant est l’occasion pour Montalban de mener, sous des dehors drôles et profonds, tout en rebondissements, une réflexion sur notre époque, et en particulier sur l’authenticité et l’engagement.

Vazquez Montalban
Erec et Enide
Points Seuil

Nadia, la femme d’Albert Danon vient de mourir lui laissant quantité de napperons brodés inutiles et des rosiers à soigner. Leur fils Rico est parti se chercher au Tibet lui confiant sa petite amie, un rien paumée. A ses moments perdus Albert, expert comptable à la retraite cherche les failles du système fiscal. Comment s’étonner qu’Amos Oz, grand artisan de la paix entre Israéliens et Palestiniens, entre, lui, dans les failles de chacun, pour composer un chant profond de l’étreinte et de la réconciliation ? Seule la mer unit les morts aux vivants, entremêle la parabole au réalisme, l’humour à la compassion, le poème au récit, les apartés aux confessions. Car l’auteur passe souvent la tête entre les pages de ce roman total écrit dans une langue superbe, dépassionnée et sans âge, apaisante et sage. Malgré la laideur du monde, les regrets, les bonheurs perdus, l’incertain, le désir d’union et de plénitude mènent ces personnages à notre image. Un très grand livre, d’une beauté, d’une compassion admirables.

Amoz Oz
Seule la mer
Folio