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histoire-de-la-violence-louis« Pour en finir avec Eddy Bellegueule » son premier roman, avait déjà secoué les chaumières. Celui qui désormais s'appelle Edouard, tournait le dos à son milieu très populaire du Nord de la France pour gagner Paris, faire de hautes études et causer comme l'intellectuel brillant qu'il est devenu (spécialiste de Bourdieu). Ce second roman -en réalité un récit- n'est pas moins rude puisqu'il s'agit d'un viol subi un soir de Noël. Dépossédé de sa vie par la violence extrême d'abord, de son histoire ensuite par les dépositions qu'il dû faire à la police, au médecin, à sa soeur, Edouard Louis n'a eu que l'écriture pour réintégrer sa propre histoire. Par la forme, les différentes narrations, récits des uns et des autres, par la mise à distance, il tente de dégager les éléments historiques, sociaux, les préjugés raciaux, la honte de soi, qui se sont cristallisés dans cet acte odieux commis sur sa personne par un homme au nom de prince d'Arabie. Intelligente, cette lecture ne ménage ni l'auteur, ni le lecteur.

Edouard Louis : Histoire de la violence, Seuil, 2016, 240p, 18€

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envoyee-speciale-echenoz.Une intrigue politico-policière peut-elle être absurde et drôle ? Absurde comme le régime nord-coréen, peut-être, drôle comme un roman de Jean Echenoz, certainement.
Une jeune femme oisive, Constance, est enlevée, et isolée au milieu de la Creuse, donc au milieu de nulle part, par un mystérieux commando qui, sous couvert d'une demande de rançon, cherche en fait à la rendre "ductile", donc disponible et souple, en vue d'une opération d'exfiltration d'un cacique du régime de Pyongyang. Comme à l'accoutumée, Jean Echenoz joue de tous les codes pour offrir un livre de genre, en l'occurence un roman d'espionnage, plein d'esprit, mais totalement décalé et à la mécanique extrêmement bien huilée, décrivant avec une précision clinique les moeurs de l'homme contemporain, le côté cocasse -ou non- de ses états d'âme, le tout sur fond de géopolitique mondiale où les protagonistes ressemblent plus aux Pieds nickelés quà de sérieux professionnels. Mais peut-être est-ce la réalité ? Brillant, décalé, "échenozien".

Jean Echenoz : Envoyée spéciale, Editions de Minuit, 2016, 313p, 18.50€

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eviter-les-peages-colinUne chronique reprise du portail numérique Librel.be,
une lecture de Martha Beullens

Dans le monde du journalisme culturel belge, Jérôme Colin est une figure incontournable qui a indéniablement un ton personnel. Son style tient pour l’essentiel à sa façon d’incarner un personnage public qui doit beaucoup au Jérôme Colin de la vraie vie et à son aptitude à adopter un point de vue sur la culture et ceux qui la produisent, qui est à la frontière entre l’impertinence, la curiosité et la naïveté (vraie ou feinte). Ce personnage est bien plus construit dans l’émission Hep Taxi !que dans sa matinale à la radio.

Avec son premier livre, Jérôme Colin a décidé de creuser son sillon plutôt que de défricher un territoire aux antipodes de son image. Son personnage est chauffeur de taxi. C’est un quadra qui se pose beaucoup de questions sur sa vie et pose beaucoup de questions aux gens. Ça tombe bien, il en rencontre pas mal au quotidien. Et quand il n’a pas de clients, il retrouve ses potes ou écoute la radio. Il est très réactif aux textes des chansons qu’il appréhende tantôt comme des amplificateurs de ses états d’âme, tantôt comme des résumés de ceux-ci.

Le cadre narratif est habile et très ouvert. Le rythme du récit est donné par les gens qui passent et les réflexions qu’ils suscitent. En contrepoint, le narrateur s’épanche. Pour densifier ce cadre, Jérôme Colin n’a pas choisi de faire compliqué quand il pouvait faire simple. Il situe son personnage dans une situation classique : la routine s’est installée dans son couple. Le break s’impose (Madame est partie quelques jours avec les enfants). Et la tentation d’une aventure s’incarne dans un fantasme sur mesure. Que va faire le narrateur ? Repartir à zéro ou re-choisir sa femme ? C’est ce qu’on ne vous dira pas. Pour compliquer les choses, un mystérieux client régulier lui fournira un portrait de ce qu’il pourrait devenir s’il choisissait définitivement la misanthropie.

On l’aura compris, ce qui compte ici, c’est moins la trame de l’histoire que le monologue. Quid du style ? Si on veut voir le verre à moitié vide, on dira que c’est un enchaînement de clichés sentimentaux et d’épanchement sur le temps qui passe et restreint les possibles. Si on veut voir le verre à moitié plein, on dira que c’est un portrait sociologiquement très intéressant d’un quadra d’aujourd’hui qui s’exprime de manière désinhibée dans une langue qui sonne vrai et qui assume son romantisme et sa trivialité.

Éviter les péages divisera les lecteurs comme Jérôme Colin divise ses auditeurs et téléspectateurs. Il les séduira sans réserve ou les agacera prodigieusement.

Jérôme Colin, Éviter les péages, Éditions Allary, 2015, 200p.