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« En vieillissant les hommes pleurent » (Flammarion) de Jean-Luc Seigle rend un bel hommage aux vaincus de toutes les guerres, intimes et militaires.

C'est par le silence qu’il entre dans la vie d’un homme, qui bêche et sarcle son lopin de terre, répare ses horloges, se lave à la cuvette, mange à la table de formica de la cuisine, occupe le temps à défaut d'espace, et meuble par la simplicité de la vie ce qu'elle ne lui donne pas. Jamais une plainte, mais « en vieillissant les hommes pleurent ». Revenu bien nourri de la ferme-prison où l’avaient consignés les Allemands pendant les cinq ans de la guerre pouvait-il se plaindre? Quand s'ouvre le roman nous sommes en 1961, son aîné est parti soldat dans une autre guerre, celle d'Algérie et cela réveille en lui une peur, une honte endormies. Mais ce roman explore aussi les pertes de repères d’un monde rural en plein bouleversement. L’ancien paysan devenu ouvrier souffre des changements auxquels il assiste impuissant. Sensibilité et pudeur mène l'auteur le long de ces vies tacites et blessées, dépossédées d'elle-même par l'histoire et la marche du temps. Romancier et auteur de théâtre, scénariste, notamment pour « Les convoyeurs attendent » de Manu Bonmariage, Jean-Luc Seigle sait composer une scène, et il y en a de bouleversantes.

Jean-Luc Seigle, En vieillissant les hommes pleurent, Flammarion, 2012

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majdalaniLe nom de Majdalani est peu connu des lecteurs, et pourtant celui-ci n’est pas un débutant.

Nos si brèves années de gloire fait d’ailleurs suite à deux précédents ouvrages : Histoire de la Grande Maison et Caravansérail. On y retrouve de fait des éléments chers à l’auteur : une grande demeure, berceau de la mythologie familiale, et une obsession pour le mouvement, qui prend ici la forme de deux déménagements successifs.

C’est que notre héros est un aventurier, qui recherche l’évènement pour bien sûr s’oublier lui-même, mais aussi pour retrouver une richesse passée et… séduire la femme qui toujours échappe. La première partie du livre est ainsi assez gaie, qui voit le personnage principal en soupirant sans cesse éconduit ; la seconde lui apportera la gloire, avant que n’éclate la guerre du Liban.
Le tout narré avec sérénité dans un délicat chatoiement de la langue. Ou comment déménager dans un fauteuil !

Charif Majdalani : Nos si brèves années de gloire, Editions du Seuil, 2012.


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kamal jann"Le grand roman du Moyen-Orient", dit l'éditeur. Difficile de croire qu'un seul livre puisse être cela, alors que tout est compliqué dans cette région du monde. Mais précisément. Comme le disait Alexis Jenni dans un récent article du journal Le Monde, le roman le permet, par "ce concept tout romanesque qu'est le personnage". Ce personnage, c'est Kamal Jann, neveu de cet autre Jann terrible de cruauté et de cynisme, celui qui a fait assassiner son père, et qui contrôle les services de sécurité en Syrie. On imagine bien, à la lueur de l'actualité, que la Syrie repose sur un régime fort et sans états d'âme. Ce qu'on sait aussi, c'est que ce régime s'insère dans un équilibre régional que personne n'ose réellement ébranler. Et ce qu'on perçoit bien dans ce roman, c'est que tout le monde, y compris parmi ses ennemis supposés, s'en accommode. Mais surtout, à travers Kamal Jann, s'éclaire toute l'ambiguïté d'une région qui balance entre deux mondes, l'Orient et l'Occident. Lié au cercle du pouvoir syrien, en même temps que victime d'un régime qui l'a rendu orphelin, Kamal est un voyageur entre deux rives. Oriental, enfant de Damas, il est aussi avocat à New York, amateur d'art contemporain, mélomane averti. Mais chez lui, la famille permet difficilement d'échapper au destin qu'elle impose à ses enfants. Sur fond de manipulations politiques, le personnage de Kamal Jann va être mêlé, contre son gré, à une série d'intrigues, où interviennent par moments le Mossad et ladominiqueedde CIA, et qui apparentent le livre à un thriller. La proximité de la Syrie avec le Liban, par familles interposées, s'éclaire aussi, et permet aux Européens que nous sommes, de percevoir la complexité de la région.
Comment (sur)vivre dans ces perpétuels déchirements ? La folie guette, la douleur est constante, et tout l'art de Dominique Eddé, libanaise francophone, est de nous offrir une version contemporaine de la tragédie grecque, celle que vivent aujourd'hui les familles déchirées du Proche-Orient.
Un roman écrit avant les événements de Syrie, mais qui fait bien sûr écho à leur actualité.

Dominique Eddé : Kamal Jann, Albin Michel, 2012, 400p.

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