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Par Philippe GOFFE

Mauvaise affaire pour les amateurs de voyages ! Les guides Lonely Planet, dont la réputation n'est plus à faire, voient leurs prix augmenter de plus de 10 %. Décision de l'éditeur ? Non, car ce surcoût ne concerne que la Belgique. Auparavant diffusés chez nous par le diffuseur indépendant Altera, et vendus au même prix qu'en France, les guides Lonely Planet sont tombés dans l'escarcelle du groupe français Interforum (ex-Vivendi, dont on se souvient des turbulences créées dans le secteur de l'édition par sa politique aventureuse). Et Interforum a une filiale en Belgique, qui pratique activement la « tabelle », mesure destinée anciennement à compenser les frais de douane et les taux de change fluctuants. Actuellement cette surtaxe est toujours imposée au consommateur sous prétexte de services rendus et de défense de l'emploi. Mais en la matière, où est le supplément de service, et en quoi l'emploi est-il mieux défendu par une société qui surtaxe que par une société qui ne le fait pas ?

Non, la vérité est même plus équivoque. Car le produit de cette tabelle va le plus souvent directement chez le diffuseur français, qui augmente sa marge d'autant, et qui, on peut toujours rêver, en profite pour augmenter son volume d'emploi. en France !

Certes, le mot « tabelle » n'est plus de mise dans les discours officiels, de même qu'on ne parle plus de sourds ni d'aveugles au pays des malentendants et autres malvoyants. La tabelle, en tant qu'entente au sein d'un secteur économique, n'est plus légale depuis la fin des années 80. Mais elle n'a pas disparu, puisque dans les faits, la moitié des livres français vendus en Belgique la subissent encore. Ce sont les libraires indépendants qui en réclament l'abolition depuis plus de dix ans, et qui, les premiers, l'ont abolie dès l'introduction de l'euro en 2002, sur les livres qu'ils importent directement (Le Seuil, Actes Sud, Flammarion, Gallimard.).

L'autre vérité serait plus proche de ce qu'avance l'autre grand groupe français installé en Belgique, Hachette (et sa filiale Dilibel). Pour que leurs produits de grande diffusion soient présents en grande distribution et dans les tout petits points de vente, il faut une structure locale de distribution, et cela a un coût. On notera néanmoins la subtilité : pour que les grandes surfaces disposent de best-sellers vendus (parfois) avec discount, on augmente d'abord le prix facial ! Quant aux « petits » libraires, il existe d'autres moyens pour les approvisionner sans pénaliser l'ensemble des consommateurs, c'est ce que vient de décider le groupe Volumen/La Martinière : anciennement distribué par Interforum (et donc « tabellisé »), il est accessible, soit en direct en France, soit chez un grossiste belge, avec des frais d'approche de 2%. Les consommateurs peuvent donc bénéficier du prix français.

Les amateurs de voyages peuvent ainsi se consoler : à défaut de se procurer des guides surtaxés, ils peuvent enfin voyager sur « La terre vue du ciel », best-seller des éditions de La Martinière (Volumen), au prix de 44,21 euros au lieu de 49,76 euros !

"Volumen supprime la tabelle en Belgique"

Par Jean-Claude VANTROYEN
Source : LE SOIR 2 mars 2005

Prenez un livre français en librairie en Belgique : le prix imprimé sur la couverture arrière est, dans la grande majorité des cas, surchargé d'une étiquette montrant un prix légèrement supérieur. Un exemple : le « Da Vinci Code » de Dan Brown est affiché 22 euros sur le livre (c'est le prix unique français), et 24,70 euros sur l'étiquette apposée par le distributeur.

Cette différence, c'est ce qu'on a appelé la tabelle. Et le groupe La Martinière a décidé de supprimer ce surcoût sur le prix de ses livres exportés en Belgique par son diffuseur Volumen. Or, Volumen, c'est La Martinière, mais aussi Le Seuil, L'Olivier, Bourgois, L'Ecole des loisirs...
"Nous souhaitons homogénéiser notre diffusion en Belgique", a expliqué Dominique Maillotte, PDG de Volumen, à « Livres Hebdo ». Tous les livres du groupe seront désormais vendus au même prix qu'en France. Une nouvelle effective depuis ce mardi 1er mars. Ce qui tombe bien, avec l'ouverture de la Foire du livre de Bruxelles.

Mais tout cela ne masque, en fin de compte, qu'une homogénéisation de la politique des prix du groupe en Belgique. Hier, Volumen distribuait aux grandes librairies au prix français et, via le distributeur local Caravelle, à un prix tabellisé ; aujourd'hui, pour éviter cette situation disparate, tout est sans tabelle.
La tabelle, ça n'existe plus, rétorque Bernard Laduron, administrateur délégué d'Interforum Bénélux, gros distributeur de livres en Belgique. La tabelle, c'était un coefficient qu'on appliquait sur tous les livres. Terminé. Aujourd'hui, les distributeurs examinent le marché. Moi, j'applique un surcoût de 0 à 15 , selon le marché, selon les livres.
Chez Dilibel, l'autre grand distributeur belge (à eux deux, ils font quasi 50 % de la distribution en Belgique), on pratique une tabelle : Pour la BD française, c'est quasiment le prix français, explique le directeur, Jacques Patry. Pour le reste, c'est variable : de 11 à 12 . Pourquoi ? L'essentiel des clients de Volumen, c'est la librairie de haut niveau, précise Jacques Patry. Dilibel, lui, distribue dans un réseau de vente de grande distribution et de distribution locale. Pour vendre dans tous les points de vente, même locaux, il faut une structure locale. Et cette structure locale possède un coût. Voilà la tabelle.
Et le prix unique du livre ? C'est encore autre chose. La Chambre l'avait voté sous la précédente législature. Depuis, le Sénat l'examine. Enfin, c'est ce qu'il devrait faire. Mais, en fait, le dossier reste en rade. Et Ecolo s'en plaint amèrement.