Il y a des constantes dans l'oeuvre de Laurent Gaudé. Sous le soleil, les heures sombres de la vie, toujours transcendées par la fraternité : Eldorado ou l'espoir souvent déçu des immigrants clandestins, Ouragan ou le chant des rescapés de la tempête qui ravagea La Nouvelle Orléans. Et aujourd'hui, Danser les ombres, ou les destins croisés d'un groupe d'amis à Port-au-Prince, en Haïti, une terre souvent cruelle, bâtie sur l'ombre du vaudou, où résident peut-être en partie sa force de résistance et sa créativité.
C'est donc, entre autres, l'histoire de Lucine qui revient à Port-au-Prince après quelques années d'éloignement en province, et qui renoue avec ceux qui avaient partagé avec elle les heures de lutte contre le président Aristide. C'est un peu le bonheur qui est conté, à travers une série de personnages pleins d'empathie. Jusqu'au tremblement de terre, dont nous est restituée avec justesse la douleur des survivants et la grande fraternité qui s'ensuivit, pour se terminer ici en un étonnant chant choral, où se mêlent en un même cortège les morts et les vivants, à charge pour ceux-ci de "scander la marche pour appeler le jour".
De livre en livre, Laurent Gaudé tisse une "cartographie de la fraternité", pour reprendre une expression de son éditeur.
Laurent Gaudé : Danser les ombres, Actes Sud, 2015, 250p.
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