Au lendemain du séisme qui a ravagé Haïti, Ursula Fanon retrouve Simon Madère, l'homme qu'elle a connu trente ans plus tôt. A l'heure où Port-au-Prince émerge des décombres, où les vivants et les fantômes se côtoient, Ursula parle, Ursula raconte à Simon -mais écoute-t-il vraiment ?- ce que fut sa vie depuis que tous deux, adolescents, rêvaient de quitter leur village Bois-de-Henne pour la capitale. En un long monologue d'un lyrisme violent, dense et musical, c'est la voix du peuple d'Haïti qu'on entend. On l'entend parce ce texte, d'une écriture superbe et trop rare, se lit comme on lit à voix haute, rappelant qu'il s'ancre dans une longue tradition d'oralité.
Corps mêlés est un premier roman d'un jeune Haïtien de vingt-huit ans, artiste plasticien, manifestant une fois de plus toute la force de la littérature française, quand elle s'ouvre sur le monde.
Marvin Victor : Corps mêlés, Gallimard, 2011, 249p, €18,50.