Délicieux, est le premier mot qui nous vient pour évoquer le nouveau d'Armel Job. C'est qu'à son habitude, l'auteur excelle à glisser sous le charme des portraits du terroir, les grandes interrogations de l'existence et les dessous de l'histoire. Le quincailler de Mormédy à tout pour être heureux, un commerce prospère, une épouse ravissante et dévouée, de la considération et de la bonhomie. Pourtant, ce 4 août 1968, un souvenir douloureux menace sa journée, et voilà qu'en plus une lettre anonyme, aux accents bibliques, sème le doute sur la fidélité de sa femme. Dans la routine d'une vie douillette, Armel Job introduit une malicieuse interrogation sur le bien et mal, le bonheur et le malheur, les affres de l'amour et un étrange rituel juif, ces eaux amères, accommodées ici à la soupe au céleri dominicale. Un régal ! Du moins le roman, car le potage lui est gâché.
Armel Job : Les eaux amères, Robert Laffont