Ce n’est pas un roman. Le narrateur est l’auteur, Emmanuel Carrère. Témoin, en peu de temps, de deux disparitions, une petite Juliette lors du tsunami au Sri Lanka, et une autre Juliette, sa belle-sœur, morte d’un cancer à 33 ans. Deux événements terrifiants, la mort d’une enfant, la mort d’une jeune femme. Emmanuel Carrère est écrivain, il est connu, entre autres, pour ses livres basés sur le “réel”, L’adversaire qui racontait la vie de Jean-Claude Romand, Un roman russe qui dévoilait une histoire familiale. C’est à ce titre qu’il lui est demandé, par leurs proches, d’écrire la vie et la mort de ces deux êtres qui par hasard portent le même prénom, Juliette. L’une est une fillette morte en pleine innocence. L’autre est une femme adulte, épouse, mère de trois petits enfants, juge d’instance au tribunal de Vienne. Et rescapée d’un premier cancer, comme son collègue Etienne, très présent tout au long du livre. Tous deux ils auront été “de grands juges”.
Ce n’est pas un roman. Mais ce n’est pas un simple récit de vies. C’est de la littérature à l’état pur, qui parle de vie, de mort, d’amour, de compassion, avec un titre superbe et explicite, qui nous rappelle d’aimer ceux qui nous entourent, d’autres vies que les nôtres. Un livre sur l’humanité qui nous habite, avec son lot de tristesse à pleurer, mais aussi, comme l’a dit Jérôme Garcin dans Le Nouvel Observateur, “un livre sur le bonheur arraché au désespoir”. Un livre magnifique.
Emmanuel Carrère : D’autres vies que la mienne, Editions P.O.L, 309p, €19,50.