Il enseigne la littérature italienne dans diverses universités, il bavarde avec Georges Steiner, mais aussi avec Ovide, Giordano Bruno, Montaigne, Cervantes, de l’importance de l’inutile. En ces temps d’économie dominante, où seuls les mots rendement et profit, restrictions et pragmatisme, sont les horizons à atteindre, Nuccio Ordine rappelle que nous devrions reconsidérer que seule la beauté, le savoir, la tendresse, le désir, le rêve sont essentiels à l’existence. Utilité de l’inutile, vantée depuis Ovide, comme réservoir de créativité et d’humanité. La chute de l’Empire romain a précipité cela, l’argent et le pouvoir devenant des impératifs qui ne cessent de gangrener nos esprits. Il est urgent, nous dit ce manifeste, de remettre la bibliothèque dAlexandrie au milieu du village, et avec elle, la connaissance, l’art et l’utopie au centre de ce qui nous fonde. Comment donner tort à un homme qui plaide pour les livres en s’adossant aux plus grands visionnaires de nos lettres européennes ? Et rappelle, non sans ironie que partager ses connaissances n’appauvrit pas, au contraire de la logique d’une économie de marché qui nous appauvrit le cœur et dessèche l’esprit.
Nuccio Ordine : L’utilité de l’inutile, Les Belles Lettres