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« Certes, le livre, comme Malraux aimait à le dire du cinéma, est aussi une industrie.
Toutefois, il n’est pas que cela. Il est plus que cela.
Le livre, depuis ses débuts, est le compagnon de cette Liberté grande qui seule permet, à l’auteur comme au lecteur, de se façonner de l’intérieur, de comprendre le monde, l’histoire, de supporter et de surmonter les épreuves collectives comme personnelles, de traverser au besoin le désert. Et de transfigurer surtout ce que l’on reçoit pêle-mêle, au hasard des vagabondages et des braconnages, de beauté et d’esprit afin de mieux le partager. En bref, de vivre debout et avec les autres grâce à ce paradoxal objet, à ce recueil de signes, fait pour passer de mains en mains. Puisque sans transmission, vaine serait l’humanité. »

Ce beau texte, rédigé par le député de Savoie Hervé Guimard, figure dans l’avant-propos du rapport qu’il vient de remettre, en ce mois de mars 2009, à Christine Albanel, Ministre française de la Culture. L’objet de ce rapport était d’évaluer la loi relative au prix unique du livre, dite Loi Lang. Promulguée en 1981, et donc âgée de 28 ans, cette loi ne fut jamais remise en question, par quelque majorité politique que ce soit. Certains se sont interrogés, cependant, sur une éventuelle nécessité de « l’actualiser », et c’est ainsi que dans le cadre de la loi de modernisation de l’économie débattue à l’Assemblée Nationale française en 2008, un amendement apparemment technique visait à réduire la durée de protection du prix du livre.

Hervé Guimard, membre du Conseil du Livre à Paris, fut chargé de ce rapport d’évaluation. Son constat est clair : la loi Lang est une loi moderne, une loi de « développement durable », et il ne faut pas la modifier. On peut lire son rapport, ou encore écouter son argumentation sur le buzz médias du Figaro.
Rappelons que le fondement de la loi sur le prix unique n’est pas une défense corporatiste des « petits » libraires contre la grande distribution, mais le maintien de la maitrise des prix des livres par les éditeurs. Cette logique inversée par rapport aux pratiques habituelles du commerce, où c’est l’aval de la chaîne qui dicte sa loi, permet à la création d’exister, de trouver un espace de visibilité dans un marché qui, sans cela, serait monopolisé par les blockbusters.
En Belgique, nous tentons depuis 25 ans d’obtenir une loi du même type. Nous avons porté, et Graffiti particulièrement, ce projet avec constance et ténacité, mais aussi avec un certain découragement. La Belgique est un édifice complexe, on le sait, construit sur des niveaux de pouvoir multiples et partagés, fruit des compromis institutionnels passés. Deux marchés du livre très différents, le flamand et le francophone, et deux manières différentes d’envisager la place du livre dans la culture, l’une déjà plus anglo-saxonne, pour le dire vite, l’autre, centrée sur l’idée de l’exception culturelle, rendent les choses encore plus difficiles. Le monde politique est donc partagé, différemment suivant les communautés, et s’il existe potentiellement une majorité éclatée de parlementaires en faveur d’une règlementation du prix du livre, il n’existe pas à ce jour de volonté politique. Là aussi sans doute est-ce une question de culture…

http://www.lefigaro.fr/medias/2009/03/10/04002-20090310ARTFIG00209-la-loi-lang-sur-le-prix-unique-du-livre-est-tres-moderne-.php