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mathias-enard-lglLa littérature a ceci d'extraordinaire qu'elle permet à celui qui y consent, la construction d'un imaginaire qui peut se confondre avec la réalité, apportant à l'existence un supplément de vie, une perception du monde dont il serait dommage de se priver.
Disons-le d'emblée. Nous tenons Mathias Enard pour un des tout grands écrivains d'aujourd'hui, tant par le style et l'érudition, que par la constitution d'une oeuvre cohérente, loin de l'égotisme contemporain, sans que pour autant le sujet en soit absent, comme peut le signifier dans ce dernier livre la présence du narrateur.

C'est l'Orient en nous qui le fascine, et presque tous ses livres portent le sceau de cette rencontre entre l'Orient et l'Occident, parfois confrontation, mais très souvent, et il ne faut pas l'oublier en ces temps incertains, symbiose, enrichissement.
Sept ans après le formidable Zone, il revient chez Graffiti.

Mathias Enard
le mardi 20 octobre à 20h

à l'occasion de la sortie de son nouveau livre, au titre aussi bref

Boussole
(Editions Actes Sud)

que nous aimerions sous-titrer
En quête de l'Orient perdu


Ils furent nombreux en effet ceux qui rêvèrent d'Orient, de ses climats, de ses odeurs, terre d'aventures ou d'exploration, nourrie d'une histoire longue, plus longueboussole-mathias-enard que la nôtre, empreinte d'une mystique farouche et pure qui pouvait faire rêver, objet d'étude pour savants érudits, ou d'écriture pour romantiques. Un Orient auquel l'Occident doit beaucoup, et dont se sont inspirés tant de créateurs, Mozart, Goethe, Delacroix, Schubert, Hugo, Chateaubriand, Balzac... Sans que nous le percevions, ces pays fantasmés ont marqué de leur empreinte les arts de l'Occident.
Et précisément, le narrateur de Boussole, Franz Ritter, musicologue viennois, est un de ceux-là. Sa curiosité et sa passion en ont fait un enquêteur érudit de ces échanges, où l'on trouve encore Proust, Liszt, Beethoven, Mendelssohn, Annemarie Schwarzenbach, Donizetti, Mahler, Rimbaud, et on en passe.
C'est l'Orient ou la quête de l'autre en nous. C'est aussi l'Orient entré en Occident, comme la littérature européenne irriguée par Hafez ou Omar Khayyam. Ainsi de Pessoa par exemple.
Il y a donc cet homme, Franz Ritter qui, malade, peut-être en fin de vie, tout au long d'une nuit d'insomnie se remémore sa vie, ses voyages, ses travaux, mais toujours mêle à ses pensées la longue cohorte de ceux qui se frottèrent à l'Orient, parfois sans en revenir. Et il y a Sarah, cet amour au long cours, pousuivi mais sans cesse se dérobant, Sarah qui se porte en Orient comme un poisson dans l'eau, maniant les langues et les idées, nomade universitaire, infatigable dans ses recherches, orientaliste affirmée et "comme tous les orientalistes se posant la question du soi, de l'autre". Et après Vienne, Porta Orientis, il y a Istanbul, Damas, Alep, Téhéran, Le caire, les villes où l'on se retrouve, où l'on parle, et qui forment le creuset de cette quête improbable d'Orient.
Et enfin il y a Palmyre, emblème métaphorique de ce même Orient, auquel l'Occident s'est aussi mêlé pour le pire, et qui nous revient aujourd'hui comme une gifle. Palmyre aux mains des égorgeurs, outil d'une vengeance imprévue et pourtant prévisible. Et en contrepoint, l'Amérique et l'Europe, "en guerre contre l'autre en soi".

La boussole de Beethoven, aperçue un jour par Ritter, marquait l'Est. Cap résolument à l'Est, l'Orient rêvé, l'Orient aujourd'hui perdu.

Revivez en vidéo l'essentiel de cette rencontre avec Mathias Enard