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bonobo dieu et nousLe comportement naturellement altruiste de certains grands singes, leur capacité à entrer en empathie avec un congénère, a percevoir les notions de Bien et de Mal, indépendamment d'une récompense ou d'une punition, a profondément interpellé le célèbre primatologue et éthologue néerlandais. Les valeurs morales et le sens du bien commun, existeraient-ils aussi chez les primates?

Il le constate, et avance l'idée selon laquelle, l'éthique ne vient pas d'en Haut, n'est pas dictée par un commandement supérieur, par Dieu, mais se crée dans l'interaction quotidienne. Ce que Darwin avait lui aussi énoncé. « Les instincts sociaux poussent l'animal à trouver du plaisir dans la société de ses semblables et éprouvent une certaine sympathie à leur rendre divers services. » Et cela, à côté de la cruauté de la sélection naturelle. Frans De Waal en vient à étayer son athéisme, corroboré par ces observations scientifiques : la morale nous précède, elle découlerait de l'instinct naturel de coopération et d'altruisme. Et de conclure, après une foule d'exemples bouleversants, qui interpellent, et de réflexions philosophiques empathiques elles aussi, « chez les primates on reconnaît des comportements auxquels nous aspirons nous-mêmes... »

Frans De Waal : Le bonobo, Dieu et nous, Les liens qui libèrent, 2013, 23,80 euros.

montaigne lobetLe rejet des systèmes et l'absence de concept nouveau ne sont pas des raisons suffisantes pour écarter l'auteur des Essais de toute considération philosophique. Michel de Montaigne est indissociablement écrivain et philosophe. Son style épouse les inflexions de sa pensées et capte fidèlement les moindres agitations de son esprit. S'il décide de coucher ses réflexions sur le papier pendant une vingtaine d'années, c'est pour essayer son jugement, le mettre à distance critique, le confronter à ceux des Anciens, mais aussi pour se libérer des préjugés et des dogmes, quelle que soit l'autorité qui les formule. Quant à l'unité de sa pensée, elle réside en lui-même : son corps et son esprit sont les seuls sujets de ses investigations. (notice de l'éditeur)

Voici un livre qui se lit comme un roman, et qui peut servir de porte d'entrée à l'oeuvre jugée difficile de Michel de Montaigne. Il remet le texte de Montaigne dans une perspective intéressante pour le lecteur qui considère que la philosophie est aussi une forme d'exercice. Montaigne, dit Bernard Lobet, était moins un essayiste qu'un essayeur, "l'essai étant une tentative d'exprimer des expériences et de mettre son jugement à l'épreuve".

"Avez-vous su méditer et manier votre vie ?"

Bernard Lobet : Montaigne, la réflexion à l'essai, Editions Ousia, 251p, 10€

utilitedelinutileIl enseigne la littérature italienne dans diverses universités, il bavarde avec Georges Steiner, mais aussi avec Ovide, Giordano Bruno, Montaigne, Cervantes, de l’importance de l’inutile. En ces temps d’économie dominante, où seuls les mots rendement et profit, restrictions et pragmatisme, sont les horizons à atteindre, Nuccio Ordine rappelle que nous devrions reconsidérer que seule la beauté, le savoir, la tendresse, le désir, le rêve sont essentiels à l’existence. Utilité de l’inutile, vantée depuis Ovide, comme réservoir de créativité et d’humanité. La chute de l’Empire romain a précipité cela, l’argent et le pouvoir devenant des impératifs qui ne cessent de gangrener nos esprits. Il est urgent, nous dit ce manifeste, de remettre la bibliothèque dAlexandrie au milieu du village, et avec elle, la connaissance, l’art et l’utopie au centre de ce qui nous fonde. Comment donner tort à un homme qui plaide pour les livres en s’adossant aux plus grands visionnaires de nos lettres européennes ? Et rappelle, non sans ironie que partager ses connaissances n’appauvrit pas, au contraire de la logique d’une économie de marché qui nous appauvrit le cœur et dessèche l’esprit.

Nuccio Ordine : L’utilité de l’inutile, Les Belles Lettres