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gaudedanserlesombresIl y a des constantes dans l'oeuvre de Laurent Gaudé. Sous le soleil, les heures sombres de la vie, toujours transcendées par la fraternité : Eldorado  ou l'espoir souvent déçu des immigrants clandestins, Ouragan ou le chant des rescapés de la tempête qui ravagea La Nouvelle Orléans. Et aujourd'hui, Danser les ombres, ou les destins croisés d'un groupe d'amis à Port-au-Prince, en Haïti, une terre souvent cruelle, bâtie sur l'ombre du vaudou, où résident peut-être en partie sa force de résistance et sa créativité. 
C'est donc, entre autres, l'histoire de Lucine qui revient à Port-au-Prince après quelques années d'éloignement en province, et qui renoue avec ceux qui avaient partagé avec elle les heures de lutte contre le président Aristide. C'est un peu le bonheur qui est conté, à travers une série de personnages pleins d'empathie. Jusqu'au tremblement de terre, dont nous est restituée avec justesse la douleur des survivants et la grande fraternité qui s'ensuivit, pour se terminer ici en un étonnant chant choral, où se mêlent en un même cortège les morts et les vivants, à charge pour ceux-ci de "scander la marche pour appeler le jour".

De livre en livre, Laurent Gaudé tisse une "cartographie de la fraternité", pour reprendre une expression de son éditeur.

Laurent Gaudé : Danser les ombres, Actes Sud, 2015, 250p.

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meursault-contre-enquêtePassé à un cheveu du Goncourt, ce roman vient de recevoir Le Prix des Cinq Continents de la Francophonie, mais est aussi lauréat du Prix Liste Goncourt/Le choix de l'Orient décerné chaque année à Beyrouth. Bel hommage à la langue française, dans laquelle l’auteur algérien prend le relais du Camus de L’Etranger. Meursault y tuait l’Arabe, un anonyme auquel Kamel Daoud donne une identité et un frère. Dans un bar, à un interlocuteur prêt à l’écouter, il dit le poids de ce cadavre sur sa propre vie, l’injonction tacite à venger cette mort absurde, la spirale de la violence. Ce soliloque d’une rare intelligence, remarquablement construit, est traversé d’une multitude de thèmes, depuis la colonisation, jusqu’à l’Algérie d’aujourd’hui envahie cette fois par une islamisation qui colonise les esprits. Et si l’Algérie n’avait besoin de personne d’autre qu’elle-même pour se tirer dans le dos ?
Un livre remarquable, audacieux, qui porte la voix de l'autre, qui enfin prend la parole.

Kamel Daoud : Meursault, contre-enquête, Actes Sud / Barzakh, 2014, 153p.

Meursault, contre-enquête, a d'abord été publié en 2013 à Alger aux Editions Barzakh.

Le Prix Liste Goncourt / Le choix de l'Orient est organisé par l’Institut français du Liban et le Bureau Moyen-Orient de l'AUF. Il a été décerné le 2 novembre 2014 à Kamel Daoud. En 2013, c'est Sorj Chalandon qui l'avait reçu pour son roman "Le quatrième mur".

 

vera-jean-pierre-orbanSur les listes des « rosselisables » (sélectionnés pour le Prix Rossel 2014), et déjà récompensé du Prix du Premier roman 2014, Vera mérite en effet d’être distingué. Dans un style à la fois poétique et sonore, traversé par différentes idiomes, ce roman interroge l’appartenance, l’identité, le poids de la langue maternelle dans l’édification d’une personnalité. Vera est fille d’immigrés italiens en Angleterre, dans les années 30. Ses parents parlent mal l’italien, et l’anglais plus mal encore. La petite fille va s’enflammer au verbe de Mussolini et tandis que son père docker rejoint les quais, elle se rêve aux côtés de la phalange entrant en Abyssinie, jusqu’à la désillusion et l’option d’une langue nouvelle, libre, non entachée, qui lui permettra de s’inventer.
Vera est un premier roman. Jean-Pierre Orban est belge et vit entre Bruxelles et Paris.

Jean-Pierre Orban : Vera, Mercure de France, 2014, 250p.

Au retour de Rome, quand j’ai aperçu la silhouette d’Augusto dans l’immense hall de la gare Victoria où il était venu m’accueillir, j’ai eu honte. Le train nous avait ramenés. Je ne peux le dire qu’ainsi. Au sens propre. Ce n’était plus nous qui nous emportions. Qui nous lancions vers l’avant comme à l’aller, les cheveux au vent, penchés par la fenêtre, la poussière me battant le visage, venue, on aurait dit, du sol de l’Éden. Le train nous ramenait. Tels des corps que l’on détachait de la terre offerte. On nous reconduisait dans le pays où nous vivions. Mais c’était quoi la vie ? Et c’était où ?