Parmi les meilleures ventes de l'année 2013, figure le livre de Sorj Chalandon, Le quatrième mur (Grasset), dont nous avons dit (dans notre blog lectures) tout le bien que nous pensions. Un livre dur pourtant, puisque situé dans le contexte de la guerre du Liban, il y a vingt-cinq ans. Finaliste du Goncourt, qu'il n'a pas obtenu, il s'est néanmoins vu récompensé d'un prix "frère", par un autre biais, le prix Choix de l'Orient.
La francophonie est très présente au Proche-Orient, et une initiative originale y est née sous l'impulsion de l'AUF, l'Agence Universitaire de la Francophonie : un prix sélectionné dans la liste des huit finalistes du Goncourt et décerné par des étudiants de cinq pays de la région : le Liban, l'Irak, l'Egypte, la Jordanie, la Palestine.
Il nous a été donné d'assister à la remise de ce prix à Beyrouth, en présence de Mathias Enard, lauréat de l'année précédente (2012), et au lendemain d'un long et riche débat entre Sorj Chalandon et son public. Et en présence des représentants des cinq universités concernées, sauf celui de Palestine, empêché de sortie. Ces rencontres furent passionnantes et bouleversantes.
On suppose bien que le thème du livre de Chalandon a touché les lecteurs. Mais il ne faut pas croire que ce fut évident. Son livre n'a pas fait l'unanimité. Car s'il est facile, depuis l'Europe, de pleurer sur le malheur des autres, ceux-ci ne portent pas le même regard sur la guerre. Et si dans ce livre, après tant d'années où il a témoigné comme journaliste, Sorj Chalandon parle de ce qu'il a vécu, et notamment du massacre de Sabra et Chatila dont il fut le témoin, les jeunes de cet Orient arabe souvent malmené tiennent aussi un autre discours. La guerre, ils la connaissent depuis toujours, et peut-être faut-il se projeter vers l'avenir.
Et la lecture de ce conflit raconté par un auteur français, n'est pas la même si l'on réside à Paris ou à Beyrouth ou Bagdad.
Ce débat a beaucoup été raconté dans les médias locaux, et nous renvoyons à l'article du quotidien libanais L'Orient-Le Jour.