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L’équilibre des requinsSofia se réveille à l’hôpital après une tentative de suicide. Quelles circonstances ont bien pu pousser la jeune femme à attenter à ses jours ? Il y a tout d’abord un penchant affirmé pour les hommes dépressifs comme elle, mais surtout faibles et lâches, dont son ex-mari Nicola et ses deux amants, Arturo et Marcello. Mais cela ne serait rien sans une histoire familiale pour le moins difficile : son père Ferdinando, océanologue, est absent depuis toujours et lui envoie des quatre coins du monde par Internet de petits films consacrés à la vie des requins, et sa mère Margherita s’est donnée la mort alors que Sofia était encore enfant. Déjà précaire, l’équilibre psychique de la jeune femme vacille un peu plus lorsqu’elle retrouve un paquet de lettres que sa mère n’a jamais expédiées et dont la lecture lui ouvre les yeux. Mais les apparences sont trompeuses : Sofia a-t-elle vraiment voulu se tuer ? Ne s’agirait-il pas plutôt d’une seconde naissance ?
Porté par un humour dévastateur, un rythme trépidant et une écriture flamboyante, L’équilibre des requins a le courage d’affronter un sujet difficile, la dépression, dans toute sa complexité. Un défi ambitieux que Caterina Bonvicini relève brillamment. (notice de l’éditeur)
A découvrir…

Caterina Bonvicini : L’équilibre des requins, traduit de l’italien par Lise Caillat, Gallimard (Du monde entier), 298p, 21€

ContrebandeD’abord grand roman d’aventures, Contrebande raconte les équipées d’une poignée de pêcheurs à bord de La Buena Ventura. L’équipage de cette modeste goélette affronte à la fois les dangers de la mer et le péril, plus redoutable encore, de la crise des années ’30 à Cuba. Impuissants face aux ingérences économiques des États-Unis et du Mexique sur leur gagne pain, ces pêcheurs cubains sont contraints de se convertir à la contrebande. Ils profitent de la légendaire période de la prohibition pour importer frauduleusement du rhum aux USA.

Et voilà que les modestes personnages d’un roman d’aventure classique nous plongent au cœur d’une dépression économique, posent des questions sociales intemporelles, dénoncent la traite des immigrants clandestins vers le continent américain… Autant de réalités – conservant toute leur actualité aujourd’hui – que nous relate un narrateur aussi ambitieux que couard. Finalement, les contradictions de cette âme en pleine construction rendent cet antihéros plutôt attachant.

Loin du roman à thèse, Contrebande reflète son époque à la manière réaliste, dans le style rocambolesque, à la fois poétique et efficace, d’Enrique Serpa. La modernité de ce roman tiendrait donc dans sa profusion de registres de lecture : l’aventure, le réalisme engagé, l’initiation et le lyrisme.

Enrique Serpa : Contrebande, roman traduit de l’espagnol (Cuba) par Claude Fell,présenté par Eduardo Manet, Editions Zulma, 2009

Les jours, les mois, les annéesLa vie est une chose précieuse qui ne devrait jamais s’éteindre : voilà ce qu’on peut retenir du dernier texte traduit de Yan Lianke.

Le propos est simple : un vieillard s’apprête à quitter son village, frappé par la sécheresse, en même temps que tous les autres habitants du lieu. Puis il se ravise : il a en effet découvert, dans son champ, une unique pousse de maïs juste éclose ; il décide de rester pour veiller sur elle.
Notre homme demeure donc seul. A tenter l’impossible : trouver de l’eau alors qu’il n’y en a pas ; boire et se nourrir lui-même, alors que les villageois ont tout emporté ; lutter contre les rats qui s’attaquent au fragile plant, ou contre d’autres bêtes beaucoup plus effrayantes qui rôdent. Et toujours, il conserve cette unique idée en tête : permettre au maïs de se développer, jusqu’à donner un fruit que le vieillard pourra ensuite replanter, etc.

La fable de Yan est belle à plusieurs titres. Elle fourmille d’inventions plus ingénieuses les unes que les autres, par lesquelles notre homme parvient à maintenir sa culture en vie. Pour cela, il se sert de son propre corps, ou des rats qui l’envahissent, mais qui deviennent au final bénéfiques. L’écriture est également riche : autour du maïs, nulle eau, mais dans tout le texte, les images convoquant l’élément liquide sont omniprésentes. Enfin, ce n’est pas un hasard si l’auteur a choisi un vieil homme pour conserver cette pousse : vie et mort s’entremêlent ainsi subtilement dans le cycle plus vaste de ce qui a précédé, et de ce qui suivra.

Ou comment, avec une apparente économie de moyens, dire beaucoup…

Yan Lianke : Les jours, les mois, les années, traduit du chinois par Brigitte Guilbaud, P. Picquier, 2009, 13€