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 murmuresglaceOn ne connaissait pas jusqu’ici en France Bettina Balaka, qui n’avait pas encore été traduite. C’est chose faite - et bien faite - grâce aux remarquables éditions Quidam.

La quatrième de couverture annonce d’emblée la couleur : « On croit lire un inédit de Joseph Roth, et puis non, plutôt un polar de Mankell, à Vienne cette fois. » Murmures de glace, c’est en effet tout cela. Car l’auteur parvient à mener de front 3 facettes d’un même récit : l’intrigue autour d’une série de meurtres dans la capitale autrichienne de l’après Première guerre mondiale, des épisodes du conflit qui a ensanglanté l’Europe quelques années auparavant, et le retour à la vie civile du personnage principal, le lieutenant Balthasar Beck. L’ensemble donne un texte ambitieux qui, s’il démarre lentement, gagne peu à peu en suspense et en envergure.

La traduction est, de plus, à la hauteur, et rend bien les phrases amples de l’auteur, donnant autant de scènes marquantes où inventivité narrative et précision dans l’analyse psychologique se conjuguent. Comme l’a également écrit Roth : «  Ne craignons pas d’appeler la douceur par son nom ».

Bettina Balaka : Murmures de glace, roman traduit de l'allemand par Martine Rémon, Quidam, 2012, 437p, 22€

 

munozmolinagrandenuit1936. Ignacio Abel, architecte madrilène formé à l’école du Bauhaus à Weimar, quitte l’Espagne, en pleine renommée. Son existence a brusquement basculé, comme celle de tous les Espagnols pris entre les feux de la guerre civile. Né vingt ans après ces évènements tragiques qui ont marqué l’histoire de son pays, et l’Europe entière, Antonio Munoz Molina se penche sur le destin d’un homme à la manière d’un entomologiste. Comme dans « Pereira prétend » de Tabucchi , Ignacio Abel ne voit rien venir, plus préoccupé par l’amour soudain qui vient bouleverser sa vie familiale et compliquer ses déplacements dans la ville, que par la situation politique. Très documenté, ce volumineux ouvrage à doubles hélices brûle des feux de la passion et du vertige absurde de cette guerre civile doublement fratricide. Communistes, anarchistes, républicains se déchirent tandis que la droite nationaliste et l’armée s’organisent. Fourmillant de détails, vibrant, sensible, trop bavard aussi sans doute- avec une volubilité qui évoque le débit des madrilènes !- ce roman nous ramène sous les yeux les photos de Robert Capa et la fièvre de « Pour qui sonne le glas » d’Hemingway.

Antonio Munoz Molina : Dans la grande nuit des temps, traduit de l'espagnol par Philippe Bataillon, Editions du Seuil, 2011, 768p, 23€

Le plaisir ne sauraitVoilà un livre qui porte bien son nom !

Quel délice que de se glisser dans ses pages à la suite de Babo et de Sian. Lui est indien, né à Madras, et dans les premières pages du roman s'envole pour Londres poursuivre ses études ; elle est galloise, et Babo ne la connaît pas encore, mais cela ne saurait tarder... On ne dévoile rien en disant que leur coup de foudre sera aussi intense que définitif.
Dès lors, le couple mixte qui finit par s'installer en Inde, devient le fil conducteur du texte. Babo et Sian sont de véritables "dénicheurs de plaisirs", traduction plus exacte du titre anglais initial. La première moitié du livre est de fait d'une grande gaieté : c'est la découverte de Londres par Babo, avec la triple interdiction de boire, manger de la viande et s'intéresser aux femmes ; c'est la rencontre avec Sian (la tentation est parfois trop forte!)... Le couple se construit, et l'histoire prend forme peu à peu, qui n'est rien d'autre qu'une chronique familiale, mais quelle chronique familiale!
Car il y a Ba, la grand-mère un brin fantasque de Babo, toujours "entourée de plumes de paons et de lézards rouges" ; il y a aussi les nombreux personnages secondaires du roman, issus ou non de la famille, et tous traités avec talent. Enfin, et même si le roman se lit facilement (grâce à cela peut-être), il y a la prose impeccable, imagée et profonde de l'auteur.

Chapeau, Madame Doshi !

Tishani Doshi : Le plaisir ne saurait attendre, roman traduit de l'anglais (Inde) par Karine Lalechère, Buchet Chastel, 2011, 350p, €21,00