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pour en finir avec la question juiveToute l’œuvre de Jean-Claude Grumberg, auteur dramatique (« L’Atelier ») et scénariste pour Costa-Gavras (« Amen ») ne tourne qu’autour de cela. Qu’est-ce qu’être juif quand on est parigot, préférant la tête de veau pressée à la carpe farcie, que pour vous l’hébreu c’est du chinois et qu’on est un athée endurci ?

Ses derniers textes( « Si ça va, bravo », « Votre maman ») sont à lire comme des sketches, des variations sur le thème de l’identité et de la mémoire. Son registre est le tragicomique, très comique, en s’excusant d’être tragique. Comment pourrait-il en être autrement, lui dont la grand-mère eut la vie sauve parce qu’elle avait fait sous elle, et que la police de Vichy avait le nez délicat…

« Pour en finir avec la question juive », confronte deux voisins de palier dans leur cage d’escalier. « Vous êtes juif ? » demande l’un à l’autre, avant un développement aussi génial qu’inattendu. C’est Levinas raconté par les Frères Ennemis. Les humoristes, pas Caïn et Abel, quoique… Un exercice d’intelligence et de vigilance de haut vol, à se tordre de rire.

Jean-Claude Grumbert : Pour en finir avec la question juive, Actes Sud.

 

Le roman commence dans la nuit. Kazehiro, qui se fera bientôt appeler Kaze pour dissimuler son identité, part de chez lui, décidé à disparaître, à "s'évaporer" comme on dit là-bas.

Là-bas, c'est le Japon, et c'est probablement le vrai sujet de ce texte évocateur en clair-obscur. La fille de Kaze se lance à sa recherche, épaulée par un ex plus poète que détective, Richard. Kaze fait lui-même la rencontre de Akainu, enfant des rues rescapé de Fukushima. Le lecteur suit ces deux fils avec beaucoup de plaisir, en même temps que l'auteur intercale des chapitres qui sont souvent rêvés par un des personnages, sur le Pays du Soleil levant. Un voile est ainsi levé sur la réalité japonaise, comme sur les motivations de Kaze, mais en partie seulement... L'auteur, lui-même, confessant que "cette civilisation (lui) demeure encore, à bien des égards, étrangère".

Au Japon, on ne recherche pas les évaporés.

Thomas B. Reverdy, Les Evaporés, Flammarion, 2013, 19 euros.

 

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manuel de survie  lusage des incapablesCeux qui ne connaissent pas encore Thomas Gunzig, ou qui ne le connaissent qu'à travers ses chroniques des petits matins sur la RTBF ("café serré"), devraient réfléchir à deux fois avant de se lancer dans la lecture de son Manuel de survie à l'usage des incapables. Car rien ne leur est épargné dans ce livre décapant,et épatant. Ames sensibles s'abstenir en effet, on n'épargne au lecteur ni les morts, ni le sang, mais cela n'est que la couche superficielle du récit, car à travers le portrait déjanté de quatre loups de banlieue qui traquent l'homme responsable de la mort accidentelle de leur mère, lui-même responsable de la sécurité dans une grande surface, s'écrit une charge au vitriol contre l'univers mécanisé, mercantilisé, inventé par les experts qui mêlent marketing et systémique au profit d'une autre espèce de prédateur, le grand méchant capitaliste.
Il y a du délire dans ce genre de récit, où tout est à prendre au second degré. Quoique... L'univers que Gunzig dépeint est-il vraiment si éloigné de la réalité ? La force de son écriture est là précisément, où se mêlent
le sens de l'absurde, de la dérision, teinté d'un cynisme total, et un sens ravageur de la critique sociale.
C'est en tout cas ainsi que nous l'avons lu. Et chacun sait qu'un livre de fiction s'écrit toujours par le regard du lecteur.

Thomas Gunzig : Manuel de survie à l'usage des incapables, Au diable Vauvert Editeur, 2013, 420p, 18€.

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