Per Petterson, nous avait séduits avec « Pas facile de voler des chevaux », un récit pudique sur la relation entre un fils et son père, dont il donne cette fois le pendant père-mère. « Maudit soit le fleuve du temps » est gai comme le canal ! Et pourtant, quelle finesse dans le déroulé de ces vies étriquées ou ratées, frangées par la littérature, l’utopie politique et le grand amour. Des vies prêtes pour le grand soir, les lampions, la révolution, contrariées par les aléas de la vie, et qui se retrouvent en silence à la table d’une cuisine modeste. Le norvégien Petterson excelle à donner la mesure des petites et grandes fractures d’existences qui se taisent ensemble.

Per Petterson : Maudit soit le fleuve du temps, traduit du norvégien par Terje Sinding, Gallimard 2010